Aujourd’hui, je vous parle d’un sujet « sensible » : le vibrato à la flûte traversière. Je vous propose donc en vidéo un mini cours de flûte sur le vibrato. Avant toute chose, le vibrato est un moyen d’expression. Il est juste le moyen le plus personnel que nous ayons pour exprimer ce que nous ressentons en musique. Le vibrato est ce qui vous singularise des autres joueurs de flûte. Le vibrato est propre à chaque musicien, amateur ou professionnel.
Certains diront qu’il est l’âme de l’instrumentiste (Michel Portal), d’autres diront que le vibrato est un bon moyen d’expression mais qu’il n’en est pas la preuve (Pablo Casals). Quant à Marcel Moyse, il n’acceptait pas trop cette nouveauté à son époque. Le vibrato est donc un sujet d’époque et en perpétuelle évolution.
La vidéo :
D’où vient le vibrato ?
Le vibrato est récent dans l’histoire de la musique. Il est surtout lié à l’évolution de la facture instrumentale, notamment grâce au système Boehm pour nous flûtistes. Il faut attendre le XX° siècle pour que le vibrato fasse son entrée en scène, comme une nouvelle mode.
J’entends régulièrement que le vibrato à la flûte traversière prend sa source dans le diaphragme. Il faut arrêter avec cette relation hypothétique entre le vibrato et le diaphragme. Études à la clé (Jochen Gärtner, The Vibrato, with Particular Consideration Given to the Situation of the Flutist: Historical Development, New Physiological Discoveries, and Presentation of an Integrated Method of Instruction, 1981), ce n’est physiologiquement pas possible.
Le vibrato prend sa forme dans le cou et quelque part dans l’arrière-gorge. Attention ! Cela ne veut pas dire que que le son doit être très serré, très crispé provenant de la gorge. Sinon, vous vous retrouverez avec des bruits de gorge et des tensions qui vont entraver votre pratique. Votre vibrato doit être naturel et en aucun cas, il ne doit couvrir des défauts techniques.
Comment avoir un bon vibrato ?
Comme je le disais plus haut, le vibrato est un élément très personnel. Il s’acquiert principalement avec l’imitation. Par exemple, il est très commun pour un élève d’avoir le même vibrato que celui de son professeur. Le vibrato viendra donc avec votre écoute. Plus vous écouterez de musique, plus vous entendrez de flûtistes différents (ne vous limitez pas uniquement à Jean-Pierre Rampal ou Emmanuel Pahud), plus vous aurez dans votre oreille un panel riche d’interprétations et de vibrato, plus il vous sera facile d’avoir un vibrato à votre tour.
Il existe deux types de vibrato. Nous avons d’abord les vibratos naturels. C’est le type de vibrato qui s’acquiert naturellement, sans y penser. Il existe des personnes qui possèdent un vibrato sans s’en rendre compte. Et il existe des vibratos « artificiels ».
Le vibrato à la flûte traversière vient avec le temps. Si vous débutez et que vous n’avez que quelques semaines de flûte derrière vous, vous n’aurez pas de vibrato. Vous devez d’abord penser à votre embouchure, à la stabiliser, à avoir un son propre et rond. Le vibrato viendra dans un second temps, peut-être au bout de quelques années.
Un vibrato absent prend généralement sa source dans des tensions extérieures : des lèvres trop serrées, une gorge trop fermée ou un son trop fort. La présence de ces différents éléments vont bloquer le vibrato. Il peut y avoir aussi d’autres tensions extérieures comme des problèmes physiques, psychiques ou encore du stress. Tous ces paramètres doivent être regardés avec attention avant d’entamer l’apprentissage d’un vibrato artificiel.
Comment travailler le vibrato à la flûte traversière ?
Le vibrato est un élément technique qui doit se travailler. Un vibrato doit être contrôlé. Vous devez contrôler la fréquence et l’intensité du vibrato. Généralement, les deux vont de pair. Si le vibrato n’est pas contrôlé, le son peut monter très haut. Le son ne sera pas juste.
Le vibrato à la flûte traversière se travaille principalement avec des exercices de sonorité, notamment au niveau des intervalles. Ce travail s’effectue de manière progressive, avec des exercices spécifiques selon le registre à travailler. Le vibrato se travaille différemment selon le registre grave ou aigu, selon les nuances piano ou forte.
Soyez patient avec le vibrato. Le meilleur conseil que je puisse vous donner est d’écouter de la musique et de faire attention aux paramètres extérieurs comme les lèvres trop serrées, la gorge fermée, les crispations, le souffle trop fort etc.
Si tous ces paramètres sont « bons » et que malgré tout, le vibrato ne se montre pas, alors oui, vous pourrez entamer un apprentissage du vibrato artificiel. Ce travail devra alors être précis car il s’agit d’un travail mécanique, d’un travail long qui n’apporte pas 100% de satisfaction à l’écoute car on sent que le vibrato est forcé et qu’il n’est pas naturel.
Comme je vous le disais, le vibrato est un sujet complexe et propre à chacun de nous. Il est le reflet de notre « âme » de musicien, le reflet de nos émotions et donc de nos tensions. N’hésitez pas à partager votre expérience. Vous êtes nombreux à vous poser des questions ou à ne pas y arriver et votre témoignage pourra certainement en réconforter plus d’un au sein de la communauté flûtiste 🙂