Jouer juste

Jouer juste avec sa flûte

Vous avez tous entendu des musiciens jouer faux. Vous savez, vous entendez une belle musique qui vous transporte un peu, et puis bizarrement vous ressentez un malaise. Pire, vous grincez des dents. Oui, ça sonne faux. Et c’est désagréable. 

Mozart disait : « Quoi de plus faux qu’une flûte ? Deux flûtes jouant ensemble ». Cette phrase paraît bien sévère et pourtant, Mozart a raison. Je ne vais pas rentrer ici dans des détails de fréquences et d’harmoniques. Mais je vais plutôt vous montrer, en trois étapes, comment jouer juste et améliorer votre justesse à la flûte. 

La vidéo

Étape 1 : améliorez votre oreille

Améliorer son oreille est une donnée indispensable pour jouer juste. Vous ne pouvez pas jouer avec justesse si vous n’entendez pas juste dans votre tête. Si vous n’entendez pas qu’une note est fausse, si vous n’entendez pas que la note jouée est trop haute ou trop basse, il vous sera difficile de jouer juste. Avoir une bonne oreille, c’est la base de la justesse. Évidemment, comme tout en musique, ça se travaille !

Écoutez de la musique

Oui ! Écoutez de la musique, et de préférence de la flûte traversière. Évitez de mettre une musique de fond à laquelle vous ne prêtez pas vraiment attention. Posez-vous et écoutez attentivement la mélodie, le timbre, l’intonation et restez concentré à cette écoute. 

Chantez !

Et oui, le chant est la preuve que vous entendez juste. Je vous conseille de chanter vos morceaux de flûte, à haute voix. Avec un joli timbre, une voix claire. N’annonez pas. Quand vous serez à l’aise avec cet exercice, faites la même chose mais intérieurement.

Chantez dans votre tête la mélodie que vous devez jouer. C’est quelque chose que vous devrez garder. Avant de jouer une note, vous devez déjà la chanter. Vous devez l’entendre intérieurement. La note que vous jouez, ne doit pas être une surprise.

Enregistrez-vous ou filmez-vous

En vous réécoutant, vous allez prendre conscience de certaines choses dont vous ne vous rendez pas compte quand vous jouez. Je vous recommande vraiment de faire cet exercice régulièrement afin de voir les corrections à apporter à votre posture et à votre justesse. 

Étape 2 : Vérifiez votre posture

Contrairement à une idée reçue, l’apprentissage de la justesse doit apparaître dès le début de l’apprentissage. Cela passe par une embouchure stable et un son homogène. La connaissance de la technique d’embouchure est indispensable pour jouer juste avec sa flûte. 

Très souvent, quand on joue un morceau, un air, le son est mélodieux, la phrase est jolie. Puis arrivent les notes longues de fin de phrase. C’est à cet instant précis que le son baisse et que la phrase musicale sonne alors faux.

Ceci est dû à une posture qui s’affaisse. Votre embouchure bouge, pour x raisons. Vous ne vous tenez plus droit, vous couvrez l’embouchure ou vous baissez la tête. C’est pas grave, ça arrive à tout le monde. C’est pour ça que je vous conseille de vous filmer, comme ça vous pourrez voir exactement ce qui se produit quand la note baisse.  

Pour remédier à cette embouchure instable sur les notes longues de fin de phrase  le mieux est de mettre en place de nouvelles habitudes. La première va être de faire un travail d’écoute, notamment sur les fin de phrases ou les valeurs longues.

Ensuite, quand vous aurez repéré les endroits où le son baisse et donc sonne faux, je vous conseille d’indiquer sur votre partition, à l’endroit de la note devenue fausse, une flèche qui va vers le haut. Cela va automatiquement vous faire penser à redresser votre position, à ne pas baisser la tête ni à couvrir votre embouchure. 

Si jamais cela ne suffit pas, penser à tourner très légèrement l’embouchure vers l’extérieur. En découvrant très légèrement votre embouchure, vous allez rétablir la justesse dans votre phrase musicale. 

Vous pouvez donc découvrir légèrement, vous pouvez aussi relever la tête sans bouger votre flûte, ce qui fera immanquablement découvrir l’embouchure. 

Ce sont des notions de justesse que vous pouvez acquérir uniquement avec votre embouchure. Pas besoin d’avoir un haut niveau. Dès le début de l’apprentissage, ce sont des petites techniques qui se mettent en place progressivement. 

Si vous voulez, vous pouvez faire l’expérience de l’accordeur numérique. Jouez uniquement une note longue et essayez de maintenir l’aiguille dans le vert. Faites d’autres essais en relevant la tête ou en découvrant votre embouchure et vous verrez la stabilité de l’aiguille. Faites cet exercice avec parcimonie et toujours sur des valeurs longues. 

Étape 3 : faire des arpèges

Cette étape est réservée aux flûtistes d’un niveau avancé. Le mieux est de travaillez les intervalles, surtout les arpèges. Les exercices d’arpèges qu’on retrouve dans des cahiers d’exercices ou dans des études sont redoutablement efficaces pour le travail de justesse. Ils font travailler le souffle et les lèvres, qui sont deux données essentielles de la technique d’embouchure et indissociables du travail de justesse à la flûte. 

Pour travailler les arpèges, je vous conseille de les travailler d’oreille. Certains aiment travailler ces exercices avec un accordeur numérique. Cet outil est intéressant pour s’accorder effectivement, pour vérifier la hauteur des notes longues comme je viens de l’expliquer. Mais faire un travail de justesse avec lui sur des arpèges, plus ou moins rapides, c’est quand même hyper hasardeux. Vous vous retrouvez quand même avec l’aiguille centrale qui bouge dans tous les sens. Et puis, surtout, l’accordeur devient une béquille à votre oreille intérieure. 

Il existe encore bien d’autres façons de contrôler la justesse à la flûte, à travers le travail de vitesse d’air, de nuances, de détaché, mais il est difficile de parler de tout ça dans un seul article. Si le sujet vous intéresse, je pourrais développer ultérieurement. N’hésitez pas à me le dire en commentaire 🙂

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2 Commentaires
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Thierry RAYNAUD
Thierry RAYNAUD

J’avoue que je serai bien intéressé pour avoir plus de détails.
Je viens de m’acheter une flûte en sol, la moins fausse de celles que j’ai essayées, mais cette dernière manque quand même clairement de justesse de base. À savoir que les notes « bouchées » (ré ~ fa) ont tendance à être hautes et les notes « ouvertes » (la ~ do#) ont tendance à être basses.
Pire, le registre grave se retrouve tout entier 5~9 comas plus bas que le médium.
Je sais bien que changer de tonalité d’instrument joue sur l’oreille, mais là, j’avoue me sentir un peu perdu.
J’ai beau adorer ce son particulièrement rond, chaud et timbré dans le grave, je commence à me demander si passer sur une alto n’était pas un peu au delà de mes capacités. 😕

Jean
Jean

Super Angélique, merci!